La prison d'Arkanis.

*Fais de beaux rêves ma jolie!*

Voila les derniers mots qu'entendit Kira avant que l'inébranlable porte de son cachot ne se referme. La jeune fille sentit croitre son desespoir alors que le mince faisceau de lumière qui baignait encore son visage diminuait peu à peu pour ne plus l'éclairer que d'un rayon si fin qu'il s'évanouit bientôt. Le battant de fer claqua sur ses gonds. Il n'yeut plus rien. Rien que la nuit se refermant sur la prisonnière et le dou sifflottement du garde qui s'éloignait pour ne revenir qu'au matin.
Kira chercha à l'aveuglette le contact froid d'une paroie de pierre et, lorsqu'elle l'attteint, pressa son corps contre lui, poussée par un instinct primaire qui, dans cette obscurité, lui murmurait de préserver un élément palpable, reconnaissable, auquel elle pourrait s'accrocher comme un naufragé s'aggrippe aux vestiges de son navire. Sauf que sa mer à elle était un océan de noirceur à travers lequel aucun astre ne pourait la guider. Elle s'effondra soudain de manière à ce que l'on pût croire qu'une main impalpable l'avait soudain fait plier. Mais il n'en était rien. Cette main que l'on appeait la peur resserrait son étau non pas sur ses membres mais sur sa conscience, plus vulnérable à ses attaques. Oui, Kira avait peur et ce constat seul suffisait à nourrir son angoisse. La captive ramena ses jambes contre son corps et enfouit sa tête au creux de ses genoux, ses cheveux de soie pourpre aujourd'hui pleins de crasse retombant tristement de part et d'autre de son visage défait. Un tremblement secoua soudain sa carcasse et elle promena ses doigts le long de ses bras fin que de larges trous dans sa tunique dénudaient de temps à autres. Ce contact raviva le souvenir des évennements terribles ,par leur stupidité, qui avient eût tôt fait de la conduire dans cette sombre cellule. Des murmures subtiles qui se firent plus bruyants jusqu'à s'accompagner d'images... Kira sentit à nouveau le goût doucereux du vin s'écoulant dans sa gorge.

Elle était assise à une table au milieux d'autres convives tous plus fier de leur condition avantageuse et de leurs pompes cirées qu' un paon gloussant l'est de ses plumes et se pavane en dandinant. L'alcool coulait à flots et les conversations allaient bon train au grés d'une succétion de sujets pompeux enjolivés selon l'inspiration.
- N'est-il pas détestable d'entendre sans cesse éfleurer notre oreille le récit sinistre d'un triste assassinat visant l'un de nos confrère? demanda soudain le maître de maison avec un geste théatrale de la main dans laquelle il tenait son verre.
- Il est vraiment regrettable qu'un gentillhomme ne puisse faire fortune et maintenir celle-ci sans forcément qu'on en vienne à attenter à sa vie. Je puis concevoir que le succès attise la jalousie de quelques individus malhonêes mais il est vraiment terrifiant de savoir que ceux-ci atteignent parfois leur cible et lui tranchent le cou. Tennez, j'en ai même des frissons.
Kira attaqua sauvagement le morceau de gigôt qui trônait fierement au beau milieu de son assiète pour contenir son fou rire.
* Tu ne crois pas si bien dire...*
- Vous avez totalement raison, approuva une jeune femme. Je tremble rien qu'à l'idée qu'une main malhonnete aurait put dissimuler du poison dans la plus innocente de ces boissons.
Son mari , assis à ses côtés, , ne s'embarassa pas de paroles et, à l'expression douloureuse du visage de son épouse, se contenta sûrement de lui écraser sauvagement le pied.
- Pardonez la, elle ignore qu'une plaisenterie maladroite peut parfois être aussi offensante que la plus terrible des insultes.
* C'est ta faute mon gros, t'avais qu'à pas te marrier à une dinde...*
La jeune femme à la cervelle aussi vide que son verre gloussa bêtement et tous les convives l'accompagnèrent. Kira les imita, histoire de ne pas entacher la qualité de son anonymat. Pour toutes les personnes présentes autour d'elle, elle n'était qu'une jeune noble, fille de marchand, que son père cherchait désespérément à caser. Par conséquent, elle devait se la jouer séduisante et... totalement stupide.
- Ce n'est rien Ganon, je sais bien que ta chère et tendre ne pensais pas à mal, l'escusa Cyphodias, le maître de maison. Pardonnez moi Shayi, mais je n'ais guère eut le plaisir d'entendre ce soir votre magnifique voix. N'avez vous aucun opinion sur le sujet dont nous traitons ou ces assassinats vous laissent-ils de marbre?
Kira sursauta lorsqu'elle entendit évoquer sonn nom d'emprunt. Les boucles d'oreilles qu'on lui avait prêté pour l'ocasion tintèrent à ses oreilles lorsqu'elle asressa à sa cible le plus magnifique de ses sourires.
- Bien sur que non. D'après moi, malgrès leur terrible manque de sens moral, les auteurs de ces crimes font preuve d'une extrème habileté! Tenez, en un sens, j'admire leur savoir faire. Que seraient les intrigues des nobles sans qu'une où deux têtes tombent, de temps en temps. Cela permet à nos politiciens de se surpasser. En effet, la menace d'une dague contre la gorge d'un individu est des plus stimulente... Mais je crois que j vous mets mal à l'aise, pardonnez moi, déclara Kira sans humilité aucune. [b]Mais permettez moi d'ajouterqu'il ne m'étonnerais guère que l'un d'eux se soit glissé parmi vos gens ou même vos invités.
* Médites un peu la dessus mon chou, tu ne te douteras jamais que c'est moi cette personne, tu es bien trop occupé à me regarder battre des cils!*
- Soupsonneriez-vous quelqu'un?
- Absolument pas, toutes les personnes présentes sont des gens du monde et par conséquent, je ne doute pas de leur honnêteté... répondit-elle en glissant un regard appuyé au serviteur le plus louche qu'elle put trouver c'est à dire un pauvre homme d'une 50aine d'année au ventre rebondi qui avait l'air parfaitement innocent.
* Le profil type du tueur....*
Cyphodias hocha la tête. Mais ce ne fut pas tout. Kira l'ignorait mais il avait fait signe à son garde du corps de renforcer la sécurité. Tout bien réfléchit, ce jeune marchand n'était pas si idiot mais Kira elle, en était toujours persuadée. Peut-être était-elle allée trop loin, cette fois ci, en voulant jouer avec le feu...
- Maintenant mes amis, discutons de nos affaires, ne souffrez-vous donc pas de la pénurie d'aprovisionnement qu'il existe concernant les carottes et les poireaux? Vous êtes maraicher il me semble Ganon...

* Ca ne fait aucun doute, je l'ai dans la poche... Ce soir, l'affaire est pliée! Il sera mort dans sa chambre à coucher où il ne manquera pas de m'avoir invité.*
Elle lui sourit et ramena délicatement une mèche de cheveux derière ses oreilles, dévoilant ainsi sa nuque dans un geste sensuel.

La conversation se poursuivit longtemps ainsi, sans que son sujet n'en redevienne aucunement interressant. Le dîner se déroula donc sans heurts, les mots coulant comme le vin dans les coupes d'argent. Kira commençait à s'ennuyer ferme dans ce repas guindé où l'on brassait de l'air à coup de phrases inutiles. Et dire qu'elle subissait cela depuis plus de deux longues semaines au cours desquelles elle s'était infiltrée dans la demeure de Cyphodias. Tout s'était déroulé très naturellement. Un agent, dépéché avec elle sous une fausse identité, l'avait présentée au riche marchand qui, par chance, n'avait point encore trouvé d'épouse à son goût. Ce faisant, son hôte, qui n'était pas idiot, avait très bien compris qu'il s'agissait là d'une proposition implicite et, comme Kira, par son physique, ne le laissait pas des plus indifférents, il l'avait ponctuellement invitée à partager les coktails et les dîners mondains qui rythmaient chaque minite de son existance. Ainsi, jouant le jeu de la séduction auquel elle aimait tant s'adonner, Kira avait finit par l'harponner et, doucement, ramenant chaque soir un peu plus près d'elle sa proie comme on remonte le poisson que l'on vient de ferrer, elle avait fini par s'approcher si près qu'il était très propable qu'il succombe ce soir en l'invitant à lui parler en privé.
Ainsi, presque aussi sur d’elle et confiante que l’étaient tous ces nobles qu’elle détestait tant, Kira continua de faire la belle jusqu’à la fin du repas au terme duquel les hommes se retirèrent dans un salon privé pour discuter « affaires ». Les femmes, pendant ce temps là, étaient censée se régaler d’une petite tisane, l’alcool étant interdit aux dames par le code des bonnes manières de la bourgeoise cancanante, barbante et gonflante dite BCBG. Soulevant sa tasse avec une grimâce dégoutée, Kira pensa, comme au cours de toutes les soirées qu’elle avait passé ici, qu’il était tant que sa mission arrive à son terme et qu’une fois celle-ci achevée, il faudrait la payer pour lui faire boire de l’eau, à plus forte raison si celle-ci était chaude.

* C’est impossible qu’un truc puisse être aussi infect !*s’exclama-t-elle interieurement. *Ma parole, ils ont du le couper avec de la pisse de chat leur jus de plante verte* Puis, après s’être assurée que personne ne la regardait, elle rendit la mixture à son milieu naturel : une ravisante fleur en pot qui se trouvait, par chance, tout près de son fauteuil.

- Vous en reprendrez sans doute une tasse Shayi, je vois que la votre est vide lui proposa avec un grand sourire l’ une de ces dindes décérébrée.

*Repli stratégique*

- C’est très aimable de votre part mais si vous voulez bien m’excuser, je crois plutôt que je vais me rendre là où vous savez pour subir les effets secondaires de cette délicieuse boisson. Merci.

Ayant gagné son refuge improvisé elle se pressa d’évacuer l’immonde mixture puis, sortant d’un endroit dont je tairai le nom une petite fiole d’un liquide incolore, dont elle s’enduisit le décolleté, les poignets et divers autres points stratégiques. Ce n’était pas, à proprement parlé, du poison, mais plutôt une décoction destinée à son hôte qui le rendrait plus « confiant et réceptif à son charme ». Ce n’était pas que la jeune femme douta nullement d son pouvoir de séduction mais l’on était jamais trop prudent et il n’était pas question que ce Cyphodias se dégonfle avant de l’avoir invitée auquel cas elle devrait repasser par la case dîné, emmerdement, battements de cils et tisane, idée qui lui était tout bonnement insupportable. Une fois fin prête, estimant que la petite collation de ses compagnes et l’entretient des hommes touchaient à leur terme respectif, elle sortit de sa cachette et regagna le vestibule où tous les convives étaient déjà rassemblés, la nuit étant déjà bien avancée. Fière de son calcul, un grand sourire aux lèvres, Kira s’approcha du groupe.

- Shayi ! Enfin ! Mais où étiez-vous très chère ! s’exclama Cyphodias en la voyant. Je craignais que vous ne vous soyez faites enlevée et m’apprêtais à faire lâcher les chiens !

Puis, s’approchant d’elle il ajouta dans un murmure, stimulé par son parfum :

- D’autant plus que vous me manquiez terriblement…

- Comment ? releva Kira, faignant de rougir. Votre demeure est donc si peu sécurisée qu’un bandit quelconque pourrait s’y introduire et faire disparaître vos invités sans que vous ne vous en aperceviez ?

* En même temps, moi, j’y suis bien arrivée. Mais inutile de le lui préciser.*

- Il est vrai que c’est des plus problématiques… Voudriez-vous rester encore quelques instant que nous trouvions matière à remédier à cette malheureuse lacune ? s’enquit il avec, une fois de plus, un geste discret envers l’un de ses gardes que Kira ne surprit pas.

- Mais bien entendu très cher… bien entendu… lui susurra-t-elle tandis que son sourire se faisait carnassier alors qu’elle approchait de l’heure de la mise à mort. Ce serait avec grand plaisir…

HRP/J'ai finit mon monologue alors si quelqu'un voulait bien me sortir de la ce serait pas de refus.../HRP

Après le foutoir qu'avait engendré l'amnésie du seigneur Cielvoilé, je descendis à la caserne du château et enfilai une tunique aux couleurs de Sarnarem avec un emblème de dragon sur le torse, quel mauvais goût. Mais peu importait, puisque Kuja avait de nouveau disparu, il me fallait mettre la main sur Kira, Ray ou Vaemar, afin de combler ce vide dans ma mémoire. Alors que je me vêtissais, un garde fît éruption dans la pièce, il venait annoncer à ses collègues que Yerin, le marchand gnome de Kathosem venait d'arriver à la forteresse avec sa caravane pour l'approvisionner en vivres et nouvelles du royaume du feu. Quand tous les gardes se précipitèrent à l'extérieur pour lui souhaiter la bienvenue, je jetai un coup d'oeil de chaque côté de la pièce et fis sauter la serrure de la cantine de bois à mes pieds avec un grand coup de ma canne, puis je l'ouvris et dérobai son contenu: une bourse de pièces bien remplie, un long manteau de cuir sale et noir, une épaisse écharpe de laine grossière et un chapeau noir à bords larges. Il me fallait des vêtements civils et confortables pour le voyage que j'allais entreprendre. Je passai ensuite à l'armurerie de la garde et me servis à ma guise, Kane détruit, il me fallait une arme ou deux. Une rapière à garde ornée d'un dragon et une arbalète de chasse accompagnée par son carquois rempli de carreaux d'acier que j'attachai à ma ceinture. Une fois équipé, je me rendis dans la cour d'entraînement et entendis ce fameux Yerin raconter les nouvelles du pays.

"...Et puis Brock m'a dit que son chien avait mordu un garde de la ville, il a été abattu sur-le-champ. Il n'en est toujours pas remis, le pauvre."

"Les gardes de Kathosem devraient s'occuper des vrais criminels, quand Jared est revenu de sa permission, avant le siège de Reg'Dolh, il nous a dit que la criminalité ne cessait d'augmenter." répondit un chevalier en armure

"Ah oui, je confirme, de plus l'autre jour un noble a été assassiné dans sa propre demeure par une jeune femme qu'il avait lui-même invité, elle a été capturée et jetée en prison, à mon avis elle devrait être exécutée sous peu."

Cette information m'interpella, il y avait peu de chances, mais cette tueuse pouvait être Kira, à notre rencontre elle avait déjà des ennuis avec la garde de Cadaem. Je m'insérai dans la foule des gardes et demandai à Yerin:

"Cette femme, vous avez une idée de ce à quoi elle ressemblait?"

"Euh, je l'ai brièvement vue lors de sa lapidation par la foule en colère, mais pas assez pour la décrire. De plus elle était dans un sale état."

Ca ne m'aidait pas beaucoup, mais si elle allait être exécutée, je ne pouvais pas courir le risque de perdre du temps. Je lâchai mon bâton de marche et me ruai à l'écurie pour emprunter une monture, puis je me mis en route pour Kathosem.



Galopant à travers les plaines désolées par le passage des troupes de Lord Reg'Dolh, plus j'approchais de Kathosem, plus le paysage se reboisait, cette partie du royaume était intacte. A mon arrivée devant la grande porte de la cité, je descendis de mon cheval et l'attachai à une rambarde de bois surplombant un abreuvoir pour les voyageurs de passage, puis je pénétrais dans la cité, où fourmillaient les passants comme des insectes sur une flaque d'hydromel, telle était la place du marché. J'échaffaudai rapidement un plan d'évasion, du moins une ébauche de plan d'évasion, je me rendis chez un serrurier et achetai un passe-partout, que j'avalai, puis je me ruai dans une taverne bondée et la fouillai des yeux, je trouvai rapidement ma cible: un garde en uniforme. Je montai sur une table et le pointai du doigt, puis je lui gueulai dessus en imitant un homme ivre:

"Hey toi l'abruti en costume de troubadour! Oui, toi! Je te crache à la gueule, sale con! ... Oui, ramène ton cul ici, que je te montre qui c'est le patron, après ta propre mère te reniera tellement ton visage sera amoché! Si elle l'a pas déjà fait!"

Manque de chance, j'étais tombé sur le garde compatissant et agréable, qui me demanda gentillement de descendre et de me calmer, lorsqu'il approcha, je lui décochai un vilain coup de pied dans le menton, mission accomplie, cinq minutes plus tard j'étais dans les couloirs de la prison, dépossédé de mes biens, puis jeté au fond d'un cachot puant.

"Tu seras libre dans une semaine... si tu as décuvé d'ici là!"

La porte fermée à clef, je glissai mes doigts au fond de ma gorge et appuyai, quelques secondes plus tard je me penchai en avant pour déverser le contenu de mon estomac sur le sol. Je cherchai dedans mon passe-partout que je trouvai en quelques minutes, puis je le précipitai dans la serrure et le fis tourner.

"Bingo! Attention tout le monde, Kentril est de retour sur la route!"

J'ouvris délicatement la lourde porte de fer et me mis en quête de l'assassin en regardant à travers la fine ouverture permettant de faire passer la nourriture. Dans la dernière cellule du couloir, j'aperçus une silhouette familière, quoique plus dévêtue et amochée que lors de notre dernière rencontre. J'ouvris la porte et l'interpellai:

"Mais qui voilà? J'espère ne pas vous avoir trop manqué."

Kira, plongée dans de sombres ruminations sur son avenir incertain, ne leva même pas le visage lorsqu'elle entendit quelqu'un glisser doucement une clef dans la serure rouilllée.
- Allez-vous en, ordonna-t-elle dans un imperceptible murmure. Elle était faible et faisait peine à voir. Plus d'une semaine s'était écoulée depuis que les gardes de la villes l'avaient mise au cachot. Ses vêtements que sa lapidation publiques avait transformés en lambeaux de tissus ne la préservaient aucnement de l'air glacé qui l'entourait et la laissaient transie de froid. Les pierres qu'on lui avait lancées avaient laissé de larges plaies sur son corps malmené et personne, à son arrivée, n'avait pris la peine de les soigner. A quoi bon puisqu'elle devait être prochainement executée? Ces plaies et l'humidité de l'atmosphère étaient sans doute la cause de son extrème faiblesse; elles avaient du s'infecter.
La porte grinça faiblement sur ses gonds, comme si celui qui la poussait prenait toutes les peines du monde à ne pas faire de bruit. Ca ne ressemblait pas à ces bruttes de geôliers qui se repaissaient d'ordinaires de l'impuissance de leurs prisonniers et ne faisaient que peu de cas des critères de discretion. La voix qui s'éleva dans l'ombre vint confirmer ses soupçons. Elle lui était familière, connue. Alors, avec un terrible effort, elle leva sur le visiteur un regard hanté de souffrance.
- Kentril? fit-elle dans un murmure. C'est bien vous?
La silouhette qui se détachait dans la faible luminosité du couloir hocha vivement la tête. Mais pourquoi, comment? Que faites-vous ici? Vous allez vous faire prendre, je suis étroitement surveillée, mon execution approche et ils ne comptent pas me laisser aussi facilement filer.
Il était vrai qu'elle était exagérément gardée si l'on tenait en compte sa terrible faiblesse. Elle leva légèrement la tête et coula un regard par la porte entre-ouverte. La pointe d'un casque scintillait sous la flamme des torches. Le cerbère chargéde lla surveiller n'avait à l'évidence posé aucun problème. Kentril lui sourit.

Deux voix lointaines se aisaiet entendre, deux hommesa arrivaient, dont un en armure, a en juger par le bruit métallique de ses pas. lls discutaient sur la région et sur un voyage qu'ils auraent fait.

-Je hais cette région! Il fai trop chaud pour porter une armure mais ma fonction m'y oblige!

-Certes mais elle est des plus sécuritaires, cette région je veux dire.

-Sa Oui, nous n'avons presque pas eu d'évasions. Presque bien sur, car il y a parfois des prisonniers qui disparaissent sans laisser de traces. En tt cas on peut dire que Seigneur Imrahil y est pour quelquechose. D'après els écrits et les anciens, ce serait lui qui aurait sécurisé ce royaume. Juste après qu'il ait fait construire l'incroyable forteresse.

Les deux hommes arrivèrent au coude et avec les quelques torches qui étaient accrochées au mur ils purent distinguer un homme tenant une céllule ouverte au fond. Le prenant pour un geôlier, ils avancèrent confiants.

-Hola l'ami!

Au bruit caractéristique du tintement d'une armure, je me retournai vivement et fis face à deux hommes portant le blason de Sarnarem. Ils devaient sans aucun doute venir du château de commandement.

*Par l'Enfer, je suis maudit! Si je m'en prends à des subordonnés d'Imrahil, ce dragon de malheur le prendrait très mal. je dois jouer le jeu.*
Je refermai doucement la porte grincante derrière moi et marquai une pause de quelques instants avant de répondre aux deux hommes sur un ton respectueux:

"Oh, je suis désolé messieurs, mais qui que vous soyez, on ne reçoit pas de visites aujourd'hui. La majorité des prisonniers va subir la questionnette, sans vouloir vous commander, messires, vous allez devoir partir."

Je réajustai mon chapeau à larges bords sur mon crâne et m'inclinai en indiquant la sortie, puis, en me disant qu'ils étaient peut-être assez importants pour aller et venir comme bon leur chante à travers les geôles de Kathosem, je leur demandai avant qu'ils ne répliquent:

"Mais, je suis impoli, qui êtes vous, messeigneurs?"

La voix rappelait quelquechose a Loklear, un homme, qu'il avait connu et qu'Imrahil connaissait bien. A la lueure de la torche, il l'observa un peu plus clairement et ouvrit des yeux ronds en découvrant l'identité de la personne.

-Kentril Krown! Vous avez bien changé, mais que faites vous ici?

-Je ne crois pas qu'il soit ici pour garder ces portes. Voyons messire Krown, vous vous souvenez? Je suis Xiathor, un ami de Kal-Torak, et voici Loklear, le général en chef d'Imrahil.

D'un oeil, Xiathor aperçu une silhouette dans la cellule, et d'après ce qu'on pouvait voir elle était blessée en de nombreux endroits.

-Je vois, fit le général, notre assassin lapidée hein?

Xiathor opina du chef, la porte entrouverte, Krown dans les parrages. Cette affaire était louche.

-Kentril, expliquez nous toute cette affaire.

Je maudis ma mémoire défaillante, comment avais-je pu oublier ce type, que j'avais croisé il y a seulement quelques heures.

"Vous! Le monde est petit, hein?"

*Cette affaire va de pire en pire, je suis incapable de vaincre ces deux hommes, il me faut une solution.*

J'hésitai un instant, et puisqu'aucune solution ne s'offrait à moi, je décidai d'user de diplomatie, après tout, on peut toujours s'arranger avec un dragon, et il vallait mieux coopérer avec Imrahil que subir le couroux de la nouvelle reine du royaume.

"J'ai besoin de m'entretenir avec cette personne, elle détient des informations que je nécessite dans les plus brefs délais."

Je jetai un oeil en direction de la prisonnière et ajoutai:

"De plus je remarque que les sévices corporels sont encore d'actualité dans les prisons du royaume, sans doute cela attire-t-il des touristes de petits villages."

Les sévices corporels, il est vrai que torturer un etre qu'il soit humain ou non avait toujours dégouté le chevalier. Mise a part tuer ces ennemis sans autres formes de procès. Le sang ne l'attirait pas particulièrement.

-Il est vrai qu'une simple execution aurait suffit, mais il ne faut oublier que cette femme -Par Tarros, une femme en plus- a tué quelqu'un, moi aussi j'aurais des questions a lui poser, et j'aimerais également la soigner. Allez y Kentril parlez lui, nous attendrons.

Le chevalier jetta un coup d'oeil dans la cellule et son coeur se serra a un point incroyable. Elle était assise sur un sol humide et sale, dans une pièce glaciale, vétue de haillons. Les pierres avaient laissé de profondes entailles dans la chair de la jeune femme. Le chevalier n'eut même plus l'idée de faire tuer cette femme, et les deux hommes qui tenaient le sort de la pauvre créature entre leurs mains ressentirent beaucoup de pitié.

-Seuls les lâches sont capables de tels actes, fit le démon lumineux, je ne sais pas qui vaut mieux que l'autre, l'assassin ou ceux qui l'ont lapidée...

Kira ne bougeait pas et regardait jouer devant elle la pièce qui cellerai son sort. Une pièce dont les acteurs sans visage faisaient trainer la longueur, étirant les minutes sans pour autant avoir conscience de la cruauté de leur jeu. Pourquoi devait-elle attendre dans cette geôle humide qu'on vienne l'emmener, face à la foule, debout, sur le gibet, une corde autour du cou. N'aurait-il pas été plus simple de l'achever tout de suite, mettant par la même fin à ses soufrances? Personne ne daignait lui faire grâce du tout dernier coup; on la laissait dépérir. Elle était le personnage central d'un drame qui ne semblait pas connaitre de fin; l'arrivée de Kentril avait fait naître en elle un espoir fragile, vacillant, que l'arrivée de ces deux hommes avait très vite soufflé, comme on soufle une bougie. C'était tellement plus simple d'attendre la mort que de soufrir chaque fois que l'on brisait ses plus folles espérances.

La jeune fille sentait se poser sur elle des regards furtifs, presque gênés par les sévices qu'elle avait enduré. Les deux chevaliers échangèrent quelques mots avec Kentril puis la porte que ce dernier avait repoussée légèrement s'ouvrit à nouveau sur une sombre silhouete noire, nettement découpée dans la lumière fulligineuse des torches.

Je refermai la lourde porte de fer derrière moi, il fallait que je lui parle seul à seul des récents évènements avant qu'il ne lui arrive quoi que ce soit.

"Kira, on a un problème. Sortir d'ici ne va pas être aussi simple que je le pensais. Hors de la cellule, il y a un commandant des armées du royaume du feu et un démon de la lumière, ils ont l'air d'être là pour vous. Ils ont pour l'instant une mince confiance en moi que je peux exploité, et ils ne savent pas que je viens vous faire évader. Ces hommes ne peuvent pas être battu dans les circonstances actuelles, de plus je n'ai aucune envie de me frotter à l'armée de Sarnarem."

Je pris une inspiration et regardai la cellule dans laquelle l'assassin avait été enfermée. Sinistre.

"Nous devons coopérer avec ces hommes pour le moment, mais je trouverais le moyen d'empêcher votre mise à mort quoi qu'il m'en coûte. A présent, eux aussi veulent vous toucher un mot ou deux, je ne sais absolument pas ce qu'ils veulent, soyez prête à toute éventualité. Xiathor est une bonne personne, mais s'il vous arrive quoi que ce soit, j'interviendrai."

A la remarque du garde, j'enfonçai mon chapeau sur ma tête et serrai les dents. Si je n'avais pas été accompagné, j'aurais montré à ce tocard ma façon de penser. Sir Loklear répondit à mon désir par un violent coup sur la tête du malotru, même si lui couper la langue aurait été un châtiment plus approprié à l'offense.

"Si frapper sur ses subordonnés est un privilège des haut gradés de l'armée, je m'engage sur-le-champ!" lâchai-je entre mes dents.

Je repensais à une chose, l'équipement que j'avais dûrement chapardé au château d'Imrahil m'avait été confisqué lors de mon arrestation, il me fallait le récupérer au plus vite, sans toutefois soulever les soupçons de Loklear et de Xiathor.

"Pour rester discret j'ai laissé une partie de mon équipement un peu en retrait derrière, poursuivez votre chemin, je vous rattraperais!"

Je jetai un oeil par la serrure dans la salle des objets confisqués, qui, fort heureusement, était vide de tout danger. Je me faufilai à l'intérieur à la recherche de mon matériel... et de quelques suppléments... Eh oui, on ne vit pas d'amour et d'eau fraîche dans ce foutu royaume, il faut bien subsister! Je récuperai rapière, arbalète et carreaux, et j'y ajoutai une dague courbée de facture elfique, et toutes les pièces d'or qui me passèrent sous la main, les yeux brillants d'avidité.

"Me revoilà!" fis-je en apparaissant là où Loklear avait emmené Kira, j'avais pu localiser la pièce grâce aux bruits de la conversation qu'entretenaient les deux subordonnés d'Imrahil.

"Quoi que vous comptiez faire d'elle, je vous préviens tout de suite. Elle a tout mon soutien et je sais que malgré tout c'est une personne honorable. Elle a des compétences et des qualités que vous ne trouverez nulle part ailleurs, et s'il devait lui arriver quelque chose, Imrahil et tout le royaume entendront parler de moi, et mon bras vengeur s'abattra sur le premier qui lui fait du mal, peu importe la gravité de ses fautes. "

-Je vois, je ne connais les raisons qui vous ont poussés a tuer cette homme même si je peux en avoir une idée. En tout cas je dois tout de même vous remercier!

Loklear vit Kentril Xiathor et la prisonnière ouvrir des yeux ronds, immenses tellement la stupeur se lisait sur leur visage.

-Cyphodias, reprit Loklear, était traitre, nous savons qu'il levait une milice pour controler la ville et la prison, on sait aussi qu'il graissait la patte de nombreux fonctionnaires, en gros sa mort nous arrange au plus haut point.

Il défit sa cape et la tint dans une main, contemplant les lambeaux de vètements de la dénommée Shiya il soupira. Il enleva ce qui restait de ses vètements et ouvrit son sac, a l'aide de Xiathor il banda et soigna magiquement ou médicinalement la plupart des blessures. Etrangement, Shiya qui était nue ne broncha pas et se laissa panser dans un éta second. Une fois ces opérations terminées, Loklear déposa sa cape sur la jeune femme.

-Bon, nous avons des quartiers a notre disposition mais nous dormirons tous ici. Demain nous partirons pour Sarnarem ou nous règlerons cette histoire avec Imrahil.

La nuit fut courte pour Kira et elle n'en tira nul repos. Son inconscient était peuplé de sombres songes et du souvenir douloureux des sévices qu'elle avait enduré, seuls vestige de sa captivité qui venaient la hanter lorsquelle fermait les yeux. Et à ces fragments de sa mémoires en lambeaux venait sans cesse s'ajouter l'image du vin dans une coupe d'argent qu'elle portait à ses lèvres.
Soudain, alors que cette vision s'imposait à nouveau à elle, une douleure fulgurante lui traversa le corps et meurtrit son esprit. Il lui semblait qu'une lame chauffée à blanc s'enfonçait dans ses entrailles et sa tête, prise dans un terrible étau, semblait sur le point d'éclater. Mais cette souffrance n'était pas chimérique. Alors que tous, encore, dormaient à point fermé, un hurlement de douleur s'échappa de sa gorge nouée. Elle ouvrit les yeux. Le mal ne cessa pas. La jeune fille remuait convulsivement sous la cape que l'on avait posé sur elle et poussait d'affreux gémissements qui finirent par réveiller ceux qui dormaient dans la même pièce. Ils se précipitèrent sur elle bien que cela ne fut plus d'aucune utilité. La crise qui avait tant secoué la jeune fille venait de l'abandonner, pour un temps du moins, ne lui laissant comme promesse de son retour qu'un teint extrèmement pâle et un front couvert de sueur.

Stupéfait par l'attitude du subordonné d'Imrahil envers Kira, le guerrier écouta attentivement ses propos et se détendit. Pas de problème en vue pour le moment. Cependant, il trouvait les autorités du royaume du Feu de plus en plus étranges.

*C'est pas dans mon bon vieux royaume de la Terre que l'on arrête les assassins pour les lapider, puis les soigner et enfin les aider à s'évader, mais tant que ça m'arrange, je ne suis pas contre. Par ailleurs, à Arbenor, nous serions certainement tous deux au bout d'une corde, alors autant profiter de l'aubaine.*

Ôtant son couvre-chef et exécutant une sorte de révérence peu élégante, Kentril se retira vers sa couchette. Il s'allongea et ferma les yeux, il s'assoupit aussitôt. Depuis son départ de Sarnarem, il avait voyagé pendant plusieurs jours sans dormir, et bon nombre de ses plaies s'étaient rouvertes. Son sommeil fût troublé par de multiples gémissements et un cri de terreur. Les yeux fermés, le guerrier bougea ses doigts pour vérifier qu'ils n'étaient pas serrés autour de la gorge de Kira, comme la fois précédente, et ne sentit rien d'autre que la poignée de la rapière qu'il avait subtilisé dans l'armurerie de Sarnarem. Il entrouvrit alors les yeux en grognant:

"Alors, on s'amuse sans moi?"

Il se mit en position assise et s'étira, il était encore fatigué.

Silk fut transporté dans une cellule très étroite, tout seul :

"M'énerve.... Je l'avais bien dit qui fallait frappé.... M'énerve tous..."

Il commença à faire le tour de sa geôle puis s'arrêta et recommença :

"Gardes ! Vous n'avez pas une cellule plus grande ? Je peux à peine m'étendre ! Non? Bon, tant pis..."

Après deux semaines de détention, Silk avait changé : il avait une grande barbe et des cheveux sales. Son visage reflétait la misère des détenus.

"Deux semaines.... C'est raisonnable...."

Silk regarda son bras et constata qu'il avait maigri. Il pût ainsi le passer à travers les barreaux et secouer la main dehors :

"Eh! L'ami !... Viens voir s'il te plaît ! T'es nouveau ?
- Silence Prisonnier !
- Ouai, t'es nouveau... Tu veux bien demander pour moi une audience ?
- Et pourquoi ?
- Pour demander des nouvelles de ta belle-mère !
- Tu te moques de moi ?!
- Non. Je veux juste une audience avec Sieur Imrahil.
[color:f2ab=yellow:f2ab]- Rêve !

Et le garde partit. Silk se mit alors à hurler de toute la force de ses poumons :

"Imrahil ! Je sais que tu m'entend ! Je demande une audience ! Une audience !"

Son cris résonna dans toute la prison, Imrahil aura surement entendu...

Kentril saisit la poigne de Loklear et se releva, mal à l'aise face au regard persistant du commandant.

*Soit je lui plais, soit ma tronche ne lui revient vraiment pas. Je préfère quand même la seconde option, j'aimerais pas me réveiller dans une fâcheuse posture si nous avions à camper dans les bois... Me foutent la trouille ces chevaliers.*

Il relâcha vite la main du militaire et enfila son pardessus, puis quitta la pièce d'un pas hésitant, lançant un bref regard derrière lui avant de refermer la porte. Tout en errant dans les couloirs sombres de la prison, Kentril était saisi d'une vive envie de se planter une lame à travers la gorge et se répandre son sang à travers tout le royaume, transformant le sol fertile en terre écarlate où ne pousseraient plus que des arbres morts, de frapper les murs de pierre de ses poings faibles jusqu'à ce qu'il n'en reste plus que de misérables moignons sanglants pendouillant au bout de ses avant-bras, témoins d'une douleur qui brûle aussi bien l'âme que le corps, qui ruine la plus petite parcelle d'espoir qui peut exister chez l'humain. De tous les maux qui pouvaient hanter un être vivant, mort, ou mort-vivant, le guerrier subissait l'un des pires, un mélange de rage, de honte et de tristesse le submergeait depuis son réveil. Il ressentait dans ses jambes des milliers de flèches enflammées, dans son dos des milliers de poignards affûtés, dans sa tête des milliers de marteaux mesquins, en son sang des milliers de poisons mortels. Il se sentait dépérir lentement, mais assurément, le sang glacé, les yeux vitreux, le teint livide, l'estomac dans tous les sens. Kentril s'arrêta au détour d'un couloir, ses poings se crispant subitement. Il s'adossa au mur, et se laissa glisser à terre, son corps percuta le sol lourdement, les yeux mi-clos. Il grogna pour lui-même:

"Par tous les Dieux, j'ai jamais aussi mal dormi de toute ma vie, entre la vulgaire paillasse qui m'a servi de lit et les gémissements soudains de l'autre folle... Quand elle n'essaie pas de me faire les poches dans mon sommeil, elle m'empêche purement et simplement de fermer l'oeil, je me demande bien ce que je fais là, j'aurais du la laisser dans son trou avec ses amis les rats. Si elle me refait le coup je l'étrangle, et volontairement, cette fois-ci. Son pouls ralentissant doucement sous la pression de mes doigts me fera le plus grand bien, et à elle aussi. Ses cordes vocales ont assez vibré à mes oreilles pour toute une vie."

Le chevalier fila en direction des écuries, il eut tôt fai de montrer son sceau pour prouver a ses imbéciles de gardes qu'il n'avait pas de temps à perdre. Les deux gros gaillards étaient seulement vétus d'un plastron de cuir et d'un pentalon en cuir. La chaleur du coin ne pardonniat pas a ceux qui portaient des armures. Et Loklear se maudit de porter autant de féraille sur lui, il avait l'impression d'etre dans un four. Il emprunta aussitôt trois roncins bien frais ainsi qu'une toile et deux lances courtes pour fabriquer la civière.
En moins d'une heure il se trouvait juste devant la poterne Ouest, a l'abri des regards sous les hourdis. L'étrange équipée passa la porte, Les chevaux de Kentril et de Xiathor soutiendraient la litière et Loklear serait en tête.
A vitesse réduite pour permettre à la jeune femme de se remettre assez bien de ses blessures, ils seraient dans une semaine et demi à Sarnarem...

[dsl pour le mini post, manque d'inspi]

La suite ici