Chemin faisant vers Sarnarem

Pas après pas vers Sarnarem
La caravane avance en peine
En trimballant une ptite voleuse
Souvent surnommée l'emmerdeuse
La pauv' s'est r'trouvée enfermée
Elle a failli être lapidée
Par un habile abus d'pouvoir
Loklear l'a sorti du couloir!

Ça vous plaît? Écoutez un peu le refrain!

Kira, Kira, elle est sympa
Elle est toujours dans de beaux draps
J'l'en ai tiré déjà deux fois
Si tu m'rembourse j't'en voudrais pas!

Fier de sa chanson, Kentril retira son pardessus et le déposa sur sa selle, lui qui venait d'Arbenor, malgré ses fréquentes visites dans les terres du Feu, ne supportait pas les grandes chaleurs.

"Il fait une de ces chaleurs ici, je m'y ferai jamais. Dîtes, Loklear, on est encore loin? Dans l'autre sens, blessé et avec un cheval fatigué, je suis arrivé deux fois plus vite. Bon c'est sûr que le fait de trimballer notre amie ne joue pas en notre faveur, mais tout de même. A propos, on fait quoi une fois arrivés au Château? Imrahil est encore là? Vous pouvez me trouver un truc à faire? Enfin, je dois vous emmerder avec mes questions... Vous êtes un homme d'action, vous! Vous faîtes quoi au juste, dans l'armée? Vous envoyez des soldats découper les anciens alliés de Reg Dolh?"

En réalité, peu importait la réponse à toutes ces questions, le guerrier cherchait juste à lancer une conversation, il s'ennuyait ferme. Inutile d'essayer de parler avec l'autre aimant à problèmes, elle devait être en train de rêver des prochaines emmerdes qu'elle pourrait s'attirer. Quant à Xiathor... Lumineux ou pas, Kentril n'aimait pas trop l'idée de fricoter avec les démons. Mauvais souvenirs...

"Bah, c'est pas quelques malandrins qui vont nous poser problème. Des comme ça, je suis sûr qu'à nous trois on les dérouille dix par dix. Évidemment, s'ils sont appuyés par des archers ou des magiciens, notre passagère va y laisser des plumes. Soit. De toute façon on a déjà assez de problèmes comme ça avec la chaleur, alors si des coupe-jarrets viennent nous traîner dans les pattes, on n'est pas arrivés. Le vent et la neige, voilà un bon temps pour voyager, il est beaucoup plus facile de se protéger du froid que du chaud, pour des gens d'armes comme nous, toujours bardés d'acier et de mithril. Vous êtes déjà allé à Arbenor? Le temps y est idéal. Par contre, les nains sont pas vraiment hospitaliers, contrairement à ce qu'on peut penser, limite agressifs avec les étrangers. Pis ils sont teigneux dans la mêlée, ils ont pas peur de se salir, ça non!"

Si Kentril était si rancunier, c'est surtout parce qu'il s'était fait étaler par une bande de ces salopards au Houblon Divin, avec Prométhéus. Faut dire qu'il l'avait bien cherché.

"Le château de la Reine? Mouais, pourquoi pas, j'espère juste qu'on ne se fera pas refouler à l'entrée, c'est d'un désagréable. Quelles sont les relations entre Sarnarem et Argent, ils sont en froid? Si ça se bagarre pour des accords commerciaux, vaudrait mieux se faire discret, non? A la limite on arrive, on se repose un peu et on repart tout feu, tout flamme "

Le guerrier garda pour lui la remarque "il paraît que la Reine c'est une chaude!", la jugeant de mauvais goût.

"C'est sûr que moi, pour l'armée, je suis pas très chaud , une fois j'ai infiltré la milice de Dolgoth pour faire libérer un prisonnier -c'est pas non plus une habitude, hein!-, eh ben c'était pas du joli. On se fait gueuler dessus du matin au soir, le jour on s'entraîne et on patrouille et la nuit on monte la garde. C'était vraiment pénible."

Kentril ne releva pas la phrase "Pas de vol, pas de mensonge", mais nota intérieurement que ce sale type avait des préjugés très vexants.

-Les dragons comme Imrahil ont toujours tenu de bonnes relations avec les différents peuples, mais c'est Tarnor, dragon de la terre qui l'aide à éviter les effusions de sang. Vous savez Kentril, je suis de Birandir, et ma mère était une Kathèsienne. Enfin je ne vais pas vous conter ma vie non plus, mais j'ai eu quelques accrochages avec certains nains quelque peu émmechés.

Le chevalier faillit éclater de rire aux blagues des plus vaseuses du chasseur.

- Arretez de suite ces idioties,une lueure d'amusement dans la voie, je vous en prie. La reien Akasha Idril est ma reine, je suis obligé de vous le rapeller. En vérité, tous les royaumes du fe lui appartiennent, Imrahil ne possède que le fief qui entoure le château de commandement, cela lui appartient. En revanche, la reine aurait toujours été froide et distante, paradoxal n'est-ce pas?

Sa remarque avait été au moins aussi vaseuse que celle de Kentril. Alors comme ça il avait infiltré la milice de Dolgoth pour libérer quelqu'un?

-Allons bon, je suis prêt à parier quez vous aviez de bonnes raison, c'est comme cette femme ,fit il en tendant le pouce dans son dos, le meurtre assurément est mauvais, sauf si la personne l'as mérité. Achaque bataille contre certains peuples récurrents, je ne parle pas des créatures maléfiques, dans les humains même. J'ai déjà tué, éventré des hommes qui avaient une famille qui a du pleurer sa mort et jurer mille fois qu'ils se vangeraient pourtant cette homme as perdu la vie pour des valeurs erronées. Imrahil ne supporte pas que l'on fasse du mal aux mauvaises personnes, à plus forte raison aux femmes. Un homme qui viole une femme mériterait de subir ce que votre amie à subi, il y a des chances qu'elle soit graciée, mais sous certaines conditions j'imagine.

Il resta dans le vague un moment, une fois de plus il s'était emporté et avait préché la bonne parole à la manière d'un religieux. Après tout c'était un homme de justice et il fallait bien que ce Kentril comprennes sa vision des choses a lui et à Imrahil.

"Vous êtes de Birandir? Je pensais que pour servir le royaume il fallait en être originaire. Ainsi, c'est votre patrimoine maternel qui vous le permet, intéressant."

*Finalement, il n'est pas si coincé que ça si c'est un montagnard bagarreur comme moi.*

"Pour tout vous dire, je ne savais même pas qu'il y avait une Reine jusqu'à peu. Je ne m'intéresse que de loin à la politique, et avec la guerre et ma perte de mémoire, j'ai eu du mal à suivre. Ouais, j'ai perdu la mémore, alors si vous voulez des récits d'aventures épiques dans la région fantôme, c'est pas à moi qu'il faut vous adresser." Répondit-il avec un demi-sourire

*Quoique...* ajouta-t-il pour lui-même

Quand Loklear évoqua la notion de bonne raison, Kentril ne put retenir un rire bref, plus par gêne que par réel comique de la situation. S'il était tant préoccupé par le sort de Kira, ou Shanni, ou quel que soit le nom de prostituée qu'elle portait vraiment... ce n'était ni par souci d'iniquité, ni par réel intérêt pour sa personne. Elle était juste utile. Mais sans son utilité, le chasseur de démons lui serait-il venu en aide? Il avait assez souffert pour connaître la compassion au-delà de la pitié. Mais le genre humain l'avait déçu de nombreuses fois. Serait-il venu en aide à cette âme-en-peine, à la limite entre la vie et la mort, sans contrepartie? Lui, personne ne serait venu le chercher, alors devait-il tendre la main naïve qu'il a toujours attendu? Certainement pas
Bien entendu, il éprouvait de la sympathie pour cette jeune femme aux billes dorées, mais cela ne suffisait pas pour risquer sa vie.

"Bien entendu, la fin justifie les moyens. S'il en va de la vie d'un être cher, on peut prendre tous les risques. Ce n'est pas comme si c'était pour de l'argent ou des informations, c'est différent. C'est plus grand, plus noble."

Kentril eût une pensée pour le butin inestimable qu'il avait obtenu lors de cette évasion passée.

"Mouais, j'ai eu l'occasion de visiter l'endroit. C'est pas vraiment impressionnant, mais surtout parce qu'on n'y voit rien du tout. Par contre il y a des saletés de bestioles qui traînent dans le coin, j'en ai jamais vu de pareilles. Et puis Imrahil, je l'ai vu sous au moins trois formes différentes, je ne saurais pas dire laquelle est la véritable. Je suis même monté sur son dos alors qu'il était changé en dragon d'eau. Pas mal, hein? Je dois dire que le vol c'est pas du tout mon truc, j'ai failli lui vomir dessus. La dernière fois que je l'ai croisé, il avait aussi une drôle de tête... Genre... Graouuuuuuuu! Enfin, vous voyez!"

Il ne connaissait pas le dragon des éléments depuis si longtemps, en réalité il l'avait rencontré lors de l'incendie qui toucha Erendwë, il y a de cela au moins plusieurs mois. Depuis, Kentril sentait qu'il lui devait quelque chose, peut-être un jour serait-il capable de le rembourser, après avoir fui le combat contre les hordes de Reg Dolh.

Nowe venait de passer plusieurs jours à chevaucher de jour et à veiller de nuit. Cette impression de constant danger lui manqué... Il entamait sa nouvelle journée dans de bonne disposition quand il fut attaqué par un troll des cavernes. Son cheval se cabra mais Nowe avait déjà sauté à terre et tiré son épée. Son destrier s'enfuit, la bête rugit et Nowe recula de quelques pas.
Le troll fit des moulinets avec sa massue, le jeune chevalier se baissa pour l'éviter et lui taillada les cuisses au passage.
Il recula ensuite de trois pas pendant que la bête grognait de douleur.
Le troll chargea ensuite sans avertissement, Nowe se jeta sur le côté, fit un roulé boulé et fit face. Le temps que son adversaire réagisse, il s'élanca, bondit en l'air et lui asséna un formidable coup à l'épaule droite. Le bras tomba. Le sang coula. Mais la bête était toujours là !
Elle balanca littéralement sa massue contre le jeune chevalier qui ne put l'esquiver qu'à moitié : Il tenta de se protéger avec son bras portant le bouclier mais le choc lui rompit tout de même les os du bras.
C'est alors que son pouvoir se manifesta : Ces pupilles se rétrécir pour ne former plus que deux amandes noirs, ses yeux devinrent bleu ciel et ses cheveux s'élévèrent dans les airs sans qu'il n'y ait un souffle d'air...
La bête ouvrit des gros yeux ahuris, Nowe s'élanca tel le vent, ne sentant plus aucune douleur, il leva son épée et décapita la bête...
Celle-ci tomba à terre, nowe essuya sa lame sur la peau hideuse du troll, la rangea, son pouvoir s'estompa.
Il prit ensuite la tête comme trophée, la planta au bout du pic et disposa un petit écriteau en dessous
"Voilà ce qui arrivera aux ennemis de sa Majesté, la Reine Idril !"
Nowe continua son chemin à pied et appercut des silouhettes au loin... Peut être des bandits...

Alors qu'un silence pesant venait de s'installer parmi les membres du convoi de comateux, une monture au galop déboula dans leur direction. Ses oreilles étaient rabattues, ses yeux sortaient de ses orbites, et elle était sellée pour un long voyage, pourtant, personne ne la chevauchait. Par réflexe, Kentril regarda de tous côtés, craignant une attaque surprise profitant de la distraction des yeux sans sommeil qui veillaient à la sécurité de tous. Les sabots du fier destrier battaient le sol à grande vitesse et de la poussière volait là où il passait. Rencontrant le groupe de cavaliers, le cheval dévia sa trajectoire et l'évita. Personne, nulle part. Lorsque la poussière retomba sur le sol dont elle était issue, une silhouette massive était visible au loin. Non, il y avait deux silhouettes. En approchant, les membres de l'expédition purent distinguer un brave chevalier engagé dans un combat singulier avec un immense troll des cavernes. Celui-ci perdit son bras, puis plus tard, s'effondra. Les cavaliers se rendirent donc à la rencontre de ce féroce combattant.

"Holà, voyageur! C'est un joli massacre... Mais faire preuve d'autant de barbarie sur une créature isolée, c'est pas un acte que je qualifierais de noble... Pas vrai, messire Loklear? Mais dis-moi, que fais-tu au beau milieu de ces plaines désertes?"

Nowe observait son cheval et vit qu'il s'était dirigé vers un groupe de voyageurs.
Dans un premier temps, il avait penser à des bandits et avait gardé sa main près de son épée.
Le groupe s'approcha du jeune chevalier :

"Si se sont des bandits, avec mon bras, j'aurais peut être un peu de mal... Un ennemi en supériorité numérique n'est jamais très facile à combattre..."

Il s'avéra que les bandits en question avait plutôt un air amicale. L'un d'eux s'adressa au jeune chevalier :

Holà, voyageur! C'est un joli massacre... Mais faire preuve d'autant de barbarie sur une créature isolée, c'est pas un acte que je qualifierais de noble... Pas vrai, messire Loklear? Mais dis-moi, que fais-tu au beau milieu de ces plaines désertes?"

Nowe lui répondit d'une voix légèrement amusé :

"Holà l'ami ! Si j'avais voulu faire preuve de barbarisme, j'aurais attaqué un couple de troll et leur progéniture ! Ce troll m'attaqua par surprise, mon cheval s'emballa et comme je comptais vivre un tantinet plus longtemps, je l'ais combattu. "

Nowe se détendit et s'approcha de son interlocuteur. Il lui tendit la main droite (son bras gauche étant brisé) et lui sourit en se présentant :

"Je suis le Chevalier Nowe, au service de sa Majesté, la Reine Idril. J'étais en mal d'inactivité et, après avoir avertit mon supérieur hiérarchique, je suis parti explorer ce vaste monde quand j'ai rencontré ce troll. Je m'apprêtais à ....."

Nowe s'arrêta brusquement et se tint le bras gauche en serrant les dents.

"Auriez-vous des attelles ? Le troll a dut me casser le bras...."

-Mon cher Kentril, un combat est rarement noble, la cause pour laquelle il a lieu en revanche peut l'etre d'avantage.

Si ce chevalier croyait pouvoir les retarder, ne fut-ce que de façon inintentionelle, il se fourrait son épée dans l'oeil. Loklear avait une ission à remplir et de plus, la jeune femme femme dans l'atelle n'allait vraiment pas bien. Sans attendre quelconque réplique, le chevalier fouilla dans les bâts de son roncin et ensortit deux plaquettes de fer et une bande de tissu blanchâtre.

-Vous devrez faire avec sa, et vous pourez surement retrouver facilement votre cheval, il vous attend surement un peu plus loin dans la forêt, c'est une bete bien dressée. Nous ne pouvons interférer dans votre mission et vous de même. Adieu donc chevalier!

C'était un ton sans réplique et une manière polie de dire a chevalier qu'il ne les accompagnerait pas. Sans autres formes de procès, Loklear fit repartir sa monture, emboitant le pas à Kentril et Xiathor.

"Bon bon bon, c'est parti!"

Reprenant route aux côtés de ses compagnons, le guerrier réfléchit aux paroles de Loklear.

*Parlons-en des nobles causes, lui il met des coups de tête aux geôliers et fait évader une saloperie de voleuse, probablement coupable d'homicide volontaire et prémédité, c'est complétement insensé! A moins que... à moins que les deux rigolos qui m'accompagnent ne soient pas là pour la sauver... Pire encore, il peut s'agir de dopplegangers engagés par Kira elle-même pour la tirer de là. Nan, elle m'aurait prévenu... elle m'aurait forcément prévenu... Et si elle ne l'avait pas fait? Que vont-ils faire de moi? Me tuer et usurper mon identité? Pas question! Je vais rester sur mes gardes, et au moindre détail suspect... je les estripaille comme des cochons! A l'ancienne!*

Lorsque Xiathor se tourna vers lui, sans raison apparente, Kentril manqua de sursauter et brandit sa rapière vers le ciel, foudroyant le démon du regard.

"In nomine Satanis! Magna Veritas! Montre-moi ton vrai visage, abomination infernale! Que je le perce de ma lame!"

Le chasseur de démons prit une position accroupie sur sa monture, et plongea au-dessus de Kira, lame première vers la poitrine de Xiathor.

"Gnurf?"

Kentril ouvrit les yeux, péniblement tiré de son sommeil par d'incessantes plaintes. Il s'était assoupi sur sa monture. Jetant un oeil au démon lumineux, il grogna:

"Je vous ai à l'oeil, vous deux!"

"Je vous ai à l'oeil, vous deux!"

Sans doute cette phrase dut choquer le démon car il lacha subitement les brides du roncin pour s'écrouler par terre.
Loklear qui avait depuis un moement déjà remis son heaume, fit son possible pour voir ce qui s'était passé. Mais il avait senti ce qui s'était passé et ce n'était pas cette phrase étrange qui avait désarçonné Xiathor, non c'était un appel phénoménal venant du sud-est.

-Vous avez entendu sa!

-Et comment tout les shamanes du continent doivent être au courant.

-Kentril nous allons devoir presser l'allure, Torak est en danger, nous n'avons que quelques jours. Mais votre amie vas nous rallantir...

-Même en l'attachant comme il faut toutes les secousses vont l'épuiser déjà qu'elle à l'air bien malade ce n'est pas la meilleure solution, fit le démon en remontant en selle.

Sans attendre plus, le chevalier fit le tour de la petie caravane et se plaça juste derrière la civière entre les deux chevaux. Soudainement le vent changea de direction, il vint se concentrer en une sorte de courant ascendant sous la civière, la faisant voler de quelques pouces. Les cordages qui la retenaient se détendirent. Avec un coussin d'air comme ceci la malade ne sentirait pas une seule secousse.

-Au galop messieurs il n'y a pas de temps à perdre!

Tout au long de ce pénible voyage dont elle ne connaissait ni la destination ni la durée précise, Kira avait brièvement reprit conscience, par intermitence, que ceci soit du à une légère amélioration de son état de santé ou, au contraire, à l'une de ces crises violentes qui l'assaillaient parfois, la laissant couverte de sueur et vidée de toute énergie.
Malgré cela, elle parvenait parfois à un stade de lucidité sufisant pour apréhender sommairement son entourage, où du moins celui qui se trouvait dans son champ de vision sans qu'elle n'eût à trop bouger la tête.
Cette fois ci, c'était un brusque changement d'allure dans la progression de leur companie qui l'avait arrachée à son profond someil. Contrairement aux sursaut cahouteux que la littière sur laquelle elle était étendue avait subit jusque là, celle-ci semblait à présent flotter dans les airs, tirée par deux chevaux lancés au grand gallop. La vitesse de leur cavalcade, bien qu'elle la secouasse quelque peu, rafraichissait Kira de la légère brise qu'elle engendrait, confort non négligeable dans cette région du globe où, les moyens de transport ne disposant pas de systhème de ventilation intégré(HRP: quelle idée aussi de faire un rp dans un monde aussi barbare!), la chaleur rendait tout voyage insuportable. Jusqu'ici, il avait semblé à Kira qu'elle cuisait lentement sous la morsure du soleil, où peut-être de la fièvre, et qu'à force de se déshidrater son corps tout entier redeviendrait poussière, pareil à ces fines particules brunâtres qui semblaient recouvrir toute chose dans ce royaume. Peut-être était-ce là, d'ailleurs, la raison pour laquelle on rencontrait tant de poussière dans cette partie du globe.
Mais à présent, rafraichie par l'air que soulevait le gallop des chevaux et bien que celui-ci fut saturé de cette même poussière, Kira se sentait mieux, cette fraîcheur oportune ayant du faire tomber sa fièvre.
Elle essaya de se relever mais la course des étalons auquels elle était arnachée imprimait de trop grosses secousses à sa litière pour qu'elle puisse se redresser sur celle-ci. Elle se contenta donc seulement, faute de mieux, d'élever doucement la voix:

- Où sommes nous? Demenda-t-elle dans un souffle. Et puis d'ailleurs, qui êtes-vous, chevalier? Je ne vous connais pas. Est-ce vous qui m'avez libérée ou bien Kentril? D'ailleurs où est-il celui-là? Moi qui comptait sur son aide pour me sortir de la **** dans laquelle je m'étais fourrée, ça me fera les pieds! Oh j'aurais un mot ou deux à lui dire quand il daignera se manifester... Je croyais que l'experience l'avait rodé mais son "sauveage laisse quelque peu à désirer! Peut mieux faire niveau rapidité et efficacité... M'enfin je ne lui en veux pas: il a la tête dur et les choses ont du mal à lui rentrer dans le crâne. Puis, jetant un coup d'oeil amusé à l'individu carapaçonné elle ajouta:
Au fait, j'espère que je ne vous ennuie pas avec mes questions...

Elle se tut. Sa tirade l'avait épuisée mais, même passablement mal en point, il lui fallait son cota de débit verbal par jour et cela faisait bien longtemps qu'elle n'avait pu l'ateindre, même si elle avait parfois murmuré dans son someil. En conséquent elle était bien décidée à ratraper ce retard, dusse son état de sané en subir les conséquences.
Trop de questions sans réponse flottaent à se jour dans son esprit. Elle n'en avait posé qu'une infime partie. (HRP: vous allez soufrir, niark!)

N'ayant pas très bien compris ce qu'il se passait, Kentril s'exécuta tout de même et essaya tant bien que mal d'adopter la même allure que Xiathor pour ne pas déséquilibrer la civière et livrer la blessée aux sabots de leurs montures. Maintenant sur son crâne son chapeau à larges bords, le guerrier éperonna vivement son destrier, non sans jeter de temps en temps un oeil autour du convoi, ce n'était pas le moment de relâcher sa vigilance. Ils étaient encerclés par des plaines désertiques à perte de vue, un sol aussi agréable et fertile que du granit, parsemé de petite touffes d'une herbe sèche et inflammable, et de roches coupantes sur lesquels placer un sabot reviendrait à anéantir l'ensemble de l'attelage. A l'horizon, on pouvait voir quelques groupes d'arbres par-ci, par-là, guère plus joyeux que le reste du paysage, rappelant les silhouettes en déroute qui quittaient Dolgoth la déchue, près le terrible affrontement qui s'y était déroulé. Le ciel, lui, s'assombrit en quelques secondes, il était d'un gris sale, malsain, annonçant certainement quelque tempête dévastatrice, ou quelque funeste trouble local. Au beau milieu de ce désert inquiétant, les cavaliers et leur compagne étaient seuls. Pas un animal, pas un insecte ne venait les perturber, à croire que leurs visages affichaient un air si déterminé que nul n'osait s'opposer à eux.

"Diantrefosse! Maintenant que nous avons atteint un rythme de croisière, quelqu'un peut-il m'expliquer pourquoi nous galopons de la sorte? Comment savez-vous que c'était Torak? Que lui arrive-t-il? Et surtout où est-il?"

En entendant avec peine la plainte de Kira, le guerrier ne put s'empêcher de sourire. Qu'elle reprenne enfin conscience était un bon signe. Même si son état avait semblé s'être aggravé après leur départ de Kathosem, ils ne pouvaient pas s'arrêter pour lui accorder le repos dont elle avait besoin. Il fallait la faire soigner par un prêtre au plus vite, et ce "sauvetage" importun du fiélon allait les retarder plus encore. L'amorce de l'un de ses longs déballages d'inepties donna des sueurs froides à Kentril, car il avait appris le vrai sens du mot douleur à ses côtés, une douleur qu'on ne chasse pas d'une manchette dans la gueule, car si le geste, bien que soulageant à court terme, n'est pas d'une grande élégance, le mal persiste bien après les derniers assauts en direction du tympan. Sachant que la réponse à ses questions ne tarirait pas sa soif, le jeune homme eût tout de même la décence de lui adresser une brève réponse.

"Pas de quoi, j'ai juste risqué ma peau pour vous tirer de là. D'ailleurs c'est un récit que je ferais avec plaisir dès que nous serons arrivés à destination. Oh et puis... on a le temps..." répondit-il, un sourire sadique déformant ses traits lorsqu'il prononça sa dernière phrase.

"En fait, j'étais en train de m'entraîner avec ferveur dans la caserne de Sarnarem *Je roupillais*, lorsque j'entendis un brave marchand gnome conter les nouvelles de Kathosem *ça c'est vrai*, il parlait d'une immonde crapule qui allait se faire lapider pour avoir égorgé un noblieau. Sachant qu'il s'agissait de vous *j'ai eu un vague doute*, j'ai immédiatement bondi sur mon fidèle destrier et fait route vers votre geôle *le cheval, je l'ai volé, d'ailleurs, tout le reste aussi*. Une fois sur place, j'ai enquêté pendant de longues heures *minutes, plutôt*, et j'ai finalement emprunté les égouteries de la ville pour accéder à l'intérieur de la prison *je me suis fait embarquer pour trouble de l'ordre public et acte de barbarie*. Dans les souterrains de la prison, j'ai affronté des monstres informes *des rats* et toute une guilde d'assassins vouée au culte du Serpent Noir *un garde ivre-mort*, pour finalement rencontrer ces braves types, là. Et vous connaissez la suite..."

Nowe attrapa l'atelle de sa main libre, les remercia d'un signe de tête et s'en fut lorsque ces derniers s'éloignèrent. D'après la jeune femme dans un brancard de fortune qu'il avait pu voir, ils étaient pressé et il comprenait leur réaction même si il n'avait, en aucun cas, voulut les retardé.
Il entoura son bras et se mit à la recherche de son cheval. Il le retrouva peut de temps après sous le couvert des arbres :

"Tu es là toi. Allez, on rentre !"

Il monta sur son destrier avec un peu de peine et prit les rennes à une main. Il s'était trop absenté et il devait retourné au plus vite auprès de sa Reine, Dame Idril.
Il galopa ainsi plusieurs heures et arriva enfin en vue du château...

(Suite salle du trône. Dsl pour le retard, je profité des vacances ! ^-^)

Kira leva un sourcil ironique et, tournant la tête en direction de son interlocuteur, lui adressa ces quelques mots:

- Evidemment. Et j'imagine que vous avez accompli ces prouesses les yeux bandés, les poins liés et à cloche pied tandis que vos adversaires vous assaillaient à dix contre un et faisaient dix fois votre taille? Dites moi, vous n'auriez pas aussi rencontré le fantôme du maître de Dolgoth auquel vous auriez pété la gueule d'une main tandis que vous siffliez la bière d'un garde ivre mort?

Avisant la mine outrée qu'adoptait son sauveur, elle s'autorisa un faible éclat de rire qui s'acheva en une abominable quinte de toux. Malgrè son évidente faiblesse, Kira refusait de passer pour une pauvre créature à la merci de tous et ce fut dans une ultime tentative de sauver l'honeur qu'elle se justifia maladroitement:

- Maudit pays où la poussière recouvre tout jusqu'à tapisser vos propre poumons!

Puis, incapable de se relever pour regarder Kentril dans les yeux, elle se contenta de lui effleurer le bras d'une main blème et d'ajouter, s'aggripant à sa manche pour empêcher son membre de retomber molement à ses côtés:

- Quoiqu'il en soit, je dois vous dire... je dois vous dire merci...

Dieu seul ou plutôt seul le diable savait à quel point la fierté de Kira pouvait être grande et combien ces quelques mots lui avaient couté, physiquement comme mentalement.

Le guerrier écarquilla les yeux, puis se contenta de détourner son regard, vexé. Il était persuadé que son histoire serait tout à fait crédible, et qu'elle ferait briller de mille feux les yeux de ses compagnons, fascinés par tant de bravoure et de talent. Après tout, cette ignoble tueuse de noble a été témoin de ses brillants faits d'armes plus d'une fois. Non, en fait, juste une fois... Ce qui aurait pourtant du suffire, selon les critères du chasseur. Cependant, la gratitude enfin visible de sa protégée dessina un sourire torve sur les lèvres de Kentril. Après ce par quoi il était passé, la reconnaissance était tout ce dont il se souçiait, et venant de Kira, qui n'avait été qu'un poids jusqu'à présent, ce remerciement valait son pesant en or. Peut-être n'était-elle pas aussi mauvaise qu'elle le paraissait. Peut-être n'était-elle pas qu'une pilleuse de bourse à tendance tripoteuse d'épée magique. Peut-être avait-elle une réelle valeur au-delà des informations qu'elle détenait. Peut-être, ou peut-être pas... Kentril feint cependant la placidité.

"Moui, peu importe..."

Pas tout à fait rassuré sur l'état de santé de leur passagère, le guerrier s'autorisa tout de même une pensée pour Torak. Il le connaissait peu, mais savait que s'il était en danger, alors ils l'étaient tous. Plus inquiétant encore, un mauvais préssentiment l'envahit lorsqu'il posa ses yeux sur le Sud. L'île du Mal. Son instinct lui disait qu'un ancien mal était à présent libre de ses faits et gestes. Des ennuis en perspective. Après avoir reglé ses dernières affaires en cours, Kentril songerait enfin à prendre un repos mérité, loin des démons, des dragons et des chasseurs de prime.